Nous en avons beaucoup entendu parler. Des avis parfois très différents les uns des autres. Alors nous avons décidé d'aller voir par nous-même. Anjouan. Une des îles de l'archipel des comores, un peu plus grande que Mayotte avec 424 Km² et distante d'environ 100 Km.
Direction le port de Dzaoudzi pour prendre la bateau en direction de Mutsamudu, la capitale d'Anjouan. Départ prévu vers midi pour 4h de traversée. Première bonne nouvelle donc : chouette on va arriver en fin d'après-midi et profiter de la lumière du couchant.
Encore un réflexe de métropolitain. Ici l'espace-temps n'est pas le même. Départ vers 16h, arrivée après 20h, pleine nuit. Agitation autour du ponton, la douane, les bus, les taxis, les sacs, les colis, les gens fatigués, ...
Dans le bateau, pour passer le temps, les uns mangent les autres dorment.
Un hôtel simple mais propre et confortable, un accueil très chaleureux. Bacar, le patron de l'hôtel "papillon", nous reçoit durant ces quelques jours. Il nous dégote une location de voiture avec chauffeur avec un peu d'essence. Et oui, ici aussi les problèmes de carburant surviennent. Pas en raison des pompistes-grévistes mais en raison des pénuries : la compagnie pétrolière bloque les livraison en raison des impayés !!!
Direction l'est par le col de Patsi avec un petit arrêt pour se ravitailler en framboise recouvertes de la rosée du matin
Les chutes de Tatringa. La rivière du même nom prend naissance à proximité du mont Ntingui (1595m). En contre-bas, une petite centrale hydro-électrique alimente une partie de l'île.
A proximité de Bambao, nous visitons le palais du sultan Abdallah III
Grâce à Djamilat qui nous accompagne durant ce séjour, nous rencontrons le gardien des lieux. Il nous ouvre gentiment les portes, habituellement fermées au public.
Abdallah III, sultan de Mutsamudu, fils de Salim, gouverna toute l'île à partir de 1848. Il développa dans cette région de Bambao de grandes plantations de cannes à sucre, fit construire des raffineries et fit construire ce palais blanc aux portes sculptées.
Sur la route, la "cuvette" de Bambao
Quelques kilomètres vers le sud pour rejoindre Domoni :
Nous visitons le mausolée d' Ahmed Abdallah, le père de l'indépendance obtenue en 1975
Petit détour par les ruelles de la vieille ville, à la recherche d'un sculpteur sur bois.
Nous rencontrons Anli Ahmed OUSSENI. Il nous présente son travail de sculpture de tabourets, tables, coffres, cendriers, ... portes et encadrements de porte. Le bois utilisé est le takamaka, le même qui nous offre son ombre le long des plages de Mayotte.
Le marché.
Ici aussi, des sourires, quelques mots échangés en français avec ces mzungus qui sont venus se perdre là.
Une quincaillerie et sa devanture aguichante
Des rencontres agréables et chaleureuses, à l'image de ces enfants qui posent pour la photo-souvenir
Mais Domoni, c'est aussi un atelier de fabrication de petits bâteaux
Une petite entreprise qui ne connait pas la crise, puisque c'est grâce à ces embarcations-là que des dizaines de comoriens tentent chaque jours leur chance pour les emmener avec beaucoup de chance justement et beaucoup d'argent dépensé de l'autre côté, à Mayotte, là où la vie semble meilleure.
S'ils arrivent à traverser, à bord de ces kwassa-kwassa, s'ils ne se font pas "cueillir" par les bâteaux de la Marine Nationale qui patrouillent dans les eaux de Mayotte, s'ils ne sont pas dénoncés une fois modestement installés dans des baraques en tôle, s'ils ne sont pas ramassés par la PAF en pleine nuit (bien avant 6h du mat), alors eux et leurs enfants ont une petite chance d'être mieux soignés, de trouver un peu de travail, leurs enfants pourront alors s'inscrire à l'école de la République et suivre un enseignement gratuit.
Le port de Domoni
Sur la route. Enfin ce qu'il en reste.
Anjouan, c'est en même temps la mer et la montagne
Direction le sud et la plage de Moya avec 2 objectifs : une plage de sable clair (assez rare de ce côté-ci de l'océan indien sur les îles de la Lune) et un resto de poisson (et oui, même ici, la famille reste branchée gastro)
langouste, brochette d'espadon, poulpe en sauce, mataba, fruit à pain frit .... !!
Sur la route, paysans travaillant dans les rizières, poivrier au bord des routes et giroflier
De retour à Mutsamudu, nous visitons la ville plus en profondeur.
D'abord vue d'en haut : la citadelle construite par le sultan Abdallah Ier au XIXe siècle
Puis vue au ras du sol, en déambulant dans le marché et dans les ruelles de la médina
Pour finir un grand merci à Djamilat, notre guide exemplaire qui nous a permis de découvrir l'île d'une autre façon, à Bacar pour son accueil chaleureux au sein de l'hôtel Papillon et pour finir merci aux enfants et leurs sourires rencontrés au hasard de nos balades.
Nous gardons un très bon souvenir de notre séjour. Les gens d'abord et les paysages ensuite resteront longtemps dans nos mémoires, ce peuple qui semble abandonné par tous et en premier lieu par ses dirigeants.